Le Fort de Saint-Floret

Extrait de l’Etude sur les Forts Villageois du Puy-de-Dôme, commanditée par la DRAC Auvergne et élaborée par Christine Charbonnel, architecte-archéologue 2010-2011

Structure du fort
Une représentation du village est conservée dans l’Armorial de Guillaume Revel .
La vue, prise depuis le site du Chastel et les plans cadastraux, permettent de détailler et de restituer sommairement la structure du village :

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 l’enceinte castrale, composée d’un mur couronné de meneaux, enferme un
donjon circulaire coiffé de hourds en bois et d’un toit conique, ainsi qu’un bâtiment résidentiel, édifié dans l’angle de la basse-cour.

Le parement occidental du rempart est flanqué de deux tours, l’une crénelée, l’autre coiffée d’un toit conique.

Une troisième, également crénelée, est perceptible derrière l’église, elle correspond vraisemblablement à une défense renforcée de l’enceinte dans sa partie basse.

Le rempart, non représenté en 1821, subsiste actuellement comme mur de soutènement de la terrasse supérieure, un grand bâtiment, de plan quadrangulaire et percé d’une grande baie à remplage gothique représente le château du 14ème siècle.

Edifié contre le parement extérieur de l’enceinte, il a conservé ses deux niveaux voûtés et une partie des peintures à fresques qui ornaient la salle d’apparat au niveau inférieur.

Un quartier du village s’agglomère autour de l’église dont on devine le clocher.
Il est dissocié des autres secteurs par l’alignement des façades, qui se retourne en direction du nord (l’actuelle rue des Chantoux) et forme une enceinte sommaire.

Un bief , franchissable par une passerelle en bois, souligne le tracé sud de l’enceinte.

Une porte (donne accès au quartier, en face du pont d’origine médiévale qui enjambe la Couze.

Le bief est actuellement recouvert mais il apparaît ponctuellement, à côté de la porte, où il alimente un lavoir.

La croix qui ornait le parapet du pont a été remplacée par un petit oratoire abritant une statue reliquaire d’origine romane.

Un faubourg ouvert, protégé des crues par un mur, s’allonge à l’ouest, le long de la rivière. Il abrite deux grandes maisons ouvertes par des croisées : l’une d’elles servait encore de mairie au début du 20ème siècle. Elle a été détruite et reconstruite après 1944.

La représentation partielle d’une roue évoque la présence, à l’est, d’un moulin, alimenté par le bief.

L’enceinte du fort enferme un quartier dense, constitué, au milieu du 15ème siècle, de maisons couvertes en tuile, pour la plupart dotées de cheminées et de fenêtres à croisée.

La «topographie, rapprochée de la clause relative au guet dans l’hommage du début du 17ème siècle (…), donne à penser que l’enceinte était celle d’une grande basse-cour aménagée par le seigneur, qui assurait ainsi la défense de
l’ensemble du village»*.

Le quartier conserve actuellement de nombreux éléments architecturaux (encadrements d’ouverture, …) qui évoquent l’état du fort tel qu’on l’imagine au 15ème siècle, avec ses maisons resserrées. Aucune trace de loges éventuelles n’est reconnaissable.

Etat de conservation du bâti
Depuis le bombardement de juin 1944, le secteur nord-ouest du fort a été détruit et abandonné. Il constitue une zone de taillis, ponctuée çà et là, par les derniers vestiges des anciennes constructions : ruines plus ou moins hautes et pans de murs utilisés comme soutènements des terrasses.

Le bâti du fort qui a survécu est généralement occupé ou utilisé ; il est, de ce fait, bien entretenu mais quelques bâtiments souffrent d’un certain «laissez-aller» et donnent les signes précurseurs de dégradation, au niveau de la toiture, de l’enduit ou des menuiseries.

Compte-tenu de son caractère historique et du label «Plus beau village de France» , le bâti traditionnel, et celui du fort en particulier, demande des attentions particulières notamment au niveau du choix des matériaux, de l’ aspect des façades et des toitures, très perceptibles depuis les terrasses du château.

Intérêt historique et architectural du bâti
Héritier de plusieurs siècles d’évolution, le bâti du fort se présente comme la juxtaposition de constructions d’époques différentes, généralement de grande qualité.

En complément des monuments (château, église), plusieurs constructions (maisons de bourg, ruines- en rouge sur le plan) ou de simples murs présentent, grâce aux éléments architecturaux conservés dans les façades, un intérêt historique majeur.
Une protection, visant à interdire leur démolition ou leur transformation
doit être assurée.
Une partie importante du bâti correspond à des constructions traditionnelles bien conservées et représentatives de l’évolution de l’architecture dans les contextes ruraux comme celui de Saint-Floret.
Au même titre que les précédentes, elles méritent une attention particulière, notamment dans le traitement des façades, des couvertures et des menuiseries, de manière à garantir la pérennité de leur valeur patrimoniale.
D’autres ont subi des transformations importantes mais réversibles (choix de matériaux, couleurs, aspects) qui pourront être corrigées à l’occasion de futurs travaux.
Un dernier groupe rassemble des constructions récentes, qui ont introduit, au sein même du noyau ancien, des modèles de type pavillonnaire ou des volumes inadaptés au contexte. Leur présence dénature le site et leur prolifération doit être rigoureusement évitée.

Avenir du fort
Avec la protection au titre des Monuments historiques du château et son label «Plus beau village de France», la commune de Saint-Floret dispose d’atouts importants pour la sauvegarde et la valorisation de son patrimoine.

Il apparaît cependant que la réglementation actuelle et ses modalités d’application, très lourdes, gagneraient à être précisées par la mise en place d’une AMVAP (Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine) outil pédagogique permettant de clarifier, auprès des habitants et des futurs pétitionnaires, les «règles du jeu» applicables dans un contexte tel que celui du village, et du fort en particulier.

Le secteur des ruines
Au pied du château en perception directe depuis les terrasses, le secteur de l’ancien fort, à demi ruiné, constitue l’un des principaux «points noirs» du village et un danger pour les promeneurs (une partie est actuellement
interdite d’accès).

Les élus, conscients que ce secteur représente aussi un potentiel remarquable, ont décidé en 2009, la mise en place d’une Zone d’Aménagement Différé et acquis, depuis, la presque totalité des parcelles.

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 Cette Z.A.D. couvre l’ensemble des parcelles du fort qui ont été abandonnées depuis leur bombardement en 1944. Elle englobe également une partie du quartier voisin (existant au milieu du 15ème siècle) et des équipements publics (salle des fêtes-pôle d’information touristique).

Une étude a été réalisée en 2010 pour que la commune puisse établir un programme d’opérations réalisables sur les cinq prochaines années. La priorité est donnée au secteur du fort, avec un projet visant à revitaliser et à valoriser les ruines et les terrasses, par des aménagements sensibles, permettant de sauvegarder les constructions les mieux conservées et de créer des lieux d’animation, ouverts aux habitants et aux touristes.

La surface conséquente et les espaces diversifiés (ruines, terrasses, ruelles, chemins) offrent de multiples possibilités qui doivent être organisées en un programme cohérent, réalisable en plusieurs phases mais à entreprendre d’urgence.

L’étude s’est concrétisée, en octobre 2010, par le dépôt de demandes de subventions (Région, Département, Europe).

Après l’octroi de ces subventions, la première phase de travaux devrait débuter en 2011, par le confortement des ruines, le nettoyage général et la sécurisation du site.